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Jumpcut

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Petit ou grand, l'essentiel est sur l'écran


Review: X-Men Day of Future Past

Publié par Lionel Fernandez sur 26 Mai 2014, 12:18pm

Catégories : #Avis

Septième volet des X-Men, Days Of The Future Past avait la lourde tâche de succéder au remarquable "Le commencement" sorti en 2011, l'intermède (si l'on peut dire) "Le combat de l'immortel" n'ayant pas été l'une des plus grandes réussites de la saga. On attendait donc beaucoup - ou plus rien, c'est selon - de cette nouvelle aventure des mutants sur grand écran. Bryan Singer est-il parvenu à faire oublier la douteuse prestation du récent Wolverine?

Review: X-Men Day of Future Past

Futur au conditionnel.

Ca commence mal pour nos héros, qui dans un futur relativement proche sont devenus la bête à abattre du genre humain. Le film débute donc sur une séquence d'ouverture magistrale mettant en scène Tornade, Bishop, Shadowcat et j'en passe aux prises avec les "sentinelles", d'authentiques saloperies synthétiques (made by human) dont l'arme la plus effrayante est de pouvoir reproduire les attaques de ceux qui se défendent d'eux. Ca ne vous rappelle d'ailleurs pas quelqu'un, cette capacité mimétique? D'entrée de jeu, le spectateur est plongé dans une atmosphère post-apocalytpique qui, sans aucun doute possible, nous ramène à une période pour le moins trouble de l'histoire, celle de la seconde guerre mondiale et de ses assassinats à échelle industrielle - une époque bien connue de Magneto. Dans cet avenir sombre (seulement révélé par de magnifiques éclairages en clair-obscur ), humains et mutants en sont venus à un tel niveau de conflit que ces derniers sont pourchassés comme la peste, et éradiqués en conséquence. Loin de nous présenter des super-héros invulnérables, cette mise en bouche (qui conjugue à merveille mises en scène épiques et effets spéciaux) nous montre plutôt des personnages luttant ensemble pour leur survie, et qui pour ce faire vont décider d'envoyer le très raffiné Logan dans le passé, juste histoire d'enrayer ce futur sans avenir pour eux. Le but? empêcher Mystique de dégommer Trask, un savant qui, dans les années soixante-dix, a mis au point les fameuses sentinelles, qui seront ensuite améliorées sur la base de l'ADN de Mystique, capturée dans ce passé-là. C'est de concert que Magneto, Xavier et les derniers mutants remettent leur sort entre les mains griffues de Wolverine - qui pour le coup se propose de jouer les diplomates. Son atout? il est visiblement le seul, de par son immortalité naturelle, à pouvoir encaisser le choc d'un aussi périlleux retour en arrière. Seulement voilà, il y a un problème: qui, dans les années soixante-dix, va croire ce qu'a à dire le plus rock'n'roll des X-Men?


Passé pas si simple.

L'arrivée de Logan cinquante ans en arrière débute par une séquence qui, à elle seule, réhabilite en partie ce personnage aussi apprécié que malmené dans le sixième volet de la saga. Il n'y avait que lui pour se réveiller dans le lit d'une bien jolie poupée, dont il ne sait d'ailleurs rien sauf qu'elle semble être la propriété de trois petites frappes qui, fort peu inspirées, décident de mettre une raclée à Logan. Je sais ça fait sourire, mais pas autant que la surprise dudit Logan lorsqu'il découvre - chronologie oblige - que ses célèbres griffes ne sont plus en adamantium. Cette parenthèse étant faite, il est temps pour notre homme de retrouver Xavier, et c'est bien évidemment là que les choses se compliquent: le fauve, au début affable, va vite faire de ne pas dire un traître mot à propos du "professeur", ce qui donne lieu à un échange d'amabilités plutôt viril, interrompu par un Xavier désabusé, dépressif et, disons-le tout net, narco-dépendant au sérum qui lui permet de ne plus entendre les milliers de voix du monde. Logan va donc avoir fort à faire pour convaincre son propre mentor de tenter l'impossible et, sans spoiler, il va y parvenir sans prendre de grands détours.

Review: X-Men Day of Future Past

Un Quicksilver, please.

Pour libérer Magneto, qui doit impérativement faire partie de la bande, il faut quelqu'un qui:

1) Ne donne pas l'impression de sortir d'une année en psychiatrie. On oublie donc Xavier.

2) Soit un minimum passe-partout. On élimine donc Logan.

3) Soit assez rapide pour s'emparer du métal-master.

On sait, par conséquent, qui va s'y coller, hein...

C'est donc après une scène de rencontre entre Xavier, Logan, le fauve et vif-argent que les X-Dalton infiltrent le pentagone au cours d'une banale visite ouverte au public, l'occasion pour Bryan Singer de nous offrir l'une des scènes les plus (agréablement) surprenantes du film, avec un Quicksilver qui, sans se départir de son humour (qu'on se rassure, cependant, on n'est pas en plein Benny Hill), s'occupe de dégager la place, pour l'heure occupée par quelques flics qui pensent encore que les balles ça dégomme les mutants en deux temps trois mouvements. Raté, même l'inspecteur Harry n'aurait rien pu faire... En attendant, Magneto et Xavier finissent par se retrouver dans le même avion, l'occasion pour le réalisateur de rappeler à ces deux personnages qu'ils ont un jour été amis, avec ce que cela suppose de tension. Et cela sans pathos, s'il vous plaît, ça mérite donc d'être souligné.

Un scénario Xtra.

L'une des grandes forces de DOTFP c'est son scénario habile, qui utilise à merveille les nombreuses possibilités qu'offre le voyage temporel. Les scénaristes établissent tout au long du film un parallèle entre scènes du passé et du futur, le tout sans jamais perdre de vue ni les événements, ni les personnages qui vont conduire à un final au moins aussi inspiré que celui de First class, un final dans lequel Mystique (qui du début à la fin est remarquablement intégrée à la trame narrative) va se révéler essentielle. En fait il n'y en a ni trop ni pas assez, et le script ne se fourvoie pas une seule fois en favorisant un personnage au détriment d'un autre: même la grande gueule de Logan n'est pas forcément mise en avant (et c'est pourtant un protagoniste qui peut vite envahir tout l'espace - charisme oblige), ce dernier servant surtout (intelligemment) de lien entre les mutants. Allez, pour chipoter on aurait aimé le voir utiliser plus souvent ses fabuleuses griffes, mais même ce relatif point faible s'efface au milieu de la cohérence du tout. Qu'il s'agisse de Xavier, Magneto ou Mystique (le triptyque principal) , chacun de ces mutants agit comme il le faut quand il le faut, Bryan Singer parvenant même à ne pas présenter untel ou untel comme le plus puissant de tous: selon les situations c'est l'un ou l'autre qui prend la main, ce qui confère à l'histoire un rythme impeccable, et rappelle au passage que c'est ensemble que les X-Men doivent faire à la menace de leur extinction - le mode Lucky luke est donc hors-jeu ici. Que ce soit aux États-unis ou à Paris (mention spéciale à la qualité de reproduction de l'ambiance seventies), l'histoire ne s'essouffle pas et parvient même à bluffer le spectateur, qui pourrait presque croire que tout cela est réellement arrivé quelque part en France ou aux States. J'exagère un tant soit peu, of course, mais c'est uniquement pour souligner la qualité d'immersion du film - une caractéristique déjà fort bien développée avec First Class, dans lequel la fusion Histoire / Fiction était impeccable.

Review: X-Men Day of Future Past

Les persos? charismatiX!

Bon, on sait tous que, lorsque Logan est bien traité, Jackman est irréprochable dans ce rôle. Ici il ne déroge pas à cette règle et, si l'on peut déplorer que Wolverine ne castagne pas plus, reconnaissons au réalisateur qu'en attribuant une place axiale à ce personnage éponyme, il lui évite de jouer les seconds couteaux. On sait également que Ian Mc Kellen n'a rien à apprendre de personne (l'inverse serait plus juste, en fait), mais Michael Fassbender n'a rien à lui envier, loin s'en faut même. Patrick Stewart et James Mc Avoy incarnent quant à eux un Xavier irréprochable, qui en version "age of disco" est tout simplement impressionnant de justesse. Ce qu'il ressent on le ressent, et c'est finalement tout à fait conforme à la nature du personnage. Une performance qui mérite d'être soulignée. Jennifer Lawrence peut elle aussi se hisser sur le podium (je sais, il y a déjà du monde), car là où elle parvient à être le plus émouvante, c'est justement sous les traits bleutés et énigmatiques de Mystique. Omar Sy, quant à lui, ne fait que de brèves apparitions au début et à la fin du film, et si ces séquences ne lui permettent pas de donner la pleine mesure de son potentiel, il serait regrettable de ne pas être content pour le bonhomme qui, au final, se retrouve tout de même au milieu d'un magnifique festival son et lumière, à côté duquel le meilleur dancefloor des seventies passerait pour une étable éclairée à la bougie. Mais pour le peu qu'il a à faire Omar Sy est tout à fait crédible, tout comme Ellen Page, Halle Berry ou encore Evan Peters, irrésistible dans le rôle d'un Quicksilver juvénile un brin déconneur, et dont la prestation allège l'ambiance - à tout le moins tant qu'il est présent. Peter Dinklage, quant à lui, incarne un Bolivar Trask des plus haïssables, même si son rôle se résume essentiellement à garder les sourcils froncés, sauf lorsqu'il interpète Raven / Trask. Cette scène permet à elle seule de voir que l'acteur en a sous le capot. Ceci étant dit, il faut bien établir une distinction entre interprétation et mise en scène, et c'est là que Singer, une fois de plus, ne rate pas le coche: il a sous sa direction un casting de haute qualité qu'il ne gâche pas (à la différence du pauvre Cranston, crucifié sur l'autel des cinquante étoiles dans le récent Godzilla) en lourdeurs et autres effets de style inappropriés: tout le monde joue juste, précis, et singularise au mieux le personnage qui lui est attribué. Il faut voir Mc Avoy aux limites de la dépression, refusant d'utiliser ce que la nature lui a donné et n'hésitant pas, pour ce faire, à tâter allègrement de l'aiguille afin de soulager sa souffrance - tant physique que morale. L'image est presque choquante lorsqu'on connaît le Xavier du futur, une sorte de sage télépathe qui, en dévoilant sa jeunesse plutôt instable, devient d'un coup eXtraordinairement humain. Du reste, DOTFP ne joue pas dans la cour de Casimir and co: il y a urgence, il y a danger, il y a des risques et, si le réalisateur ne mise pas sur la violence version X (c'est-à-dire où l'on voit tout), il n'en reste pas moins attentif à la crédibilité des personnages; ici c'est au niveau du psychique que se manifeste la tension, même si ce blockbuster ne lésine ni sur les moyens, ni sur les effets spéciaux colossaux. Un juste équilibre, donc, qui loin de dénaturer quoi que ce soit confère au film une certaine élégance, et parfois même une surprenante sensibilité, dimension affective des personnages oblige.

Review: X-Men Day of Future Past

Le mutant.

C'est rien de dire que je n'attendais pas spécialement DOTFP, le dernier Marvel en date - Captain America 2 - m'ayant presque définitivement fâché avec le genre, alors que la première aventure du super soldat était des plus attrayantes. Mais c'était sans compter sur la nature même des X-Men: ces êtres-là se battent pour leur survie et la reconnaissance de leur nature, et s'ils défendent une bannière c'est bien celle de leur humanité, avec ce que cela suppose de parts d'ombre et de lumière. Le cinéma Américain n'est jamais aussi bon que lorsqu'il décide d'universaliser son propos, et de ce point de vue il faut bien reconnaître que ce septième long-métrage des X-Men ne fait la propagande de rien ni de personne. On ne peut que comprendre Magneto lorsqu'il décide de dominer les hommes (le début même du film démontre qu'il ne se trompe pas sur la violence dont est capable l'homo sapiens), et en même temps comment ne pas adhérer à la sagesse de Xavier, qui est celle du coeur? Tout l'intérêt de ce film naît de ce paradoxe, qui n'est ni plus ni moins que celui du genre humain - un paradoxe mis en exergue par la puissance de quelques mutants (dont chacun représente un peu les grandes tendances de l'Histoire), et illustré par ces super-héros qui sont l'une des facettes de la culture populaire Américaine, avec ce qu'elle a de plus ludique et de plus attachant. La fin même du film est un remarquable retournement, une remise à zéro des compteurs osée, certes plus ou moins attendue, mais en tout cas cohérente. Pour le meilleur ou pour le pire? seul l'avenir nous le dira, mais pour l'heure rendons à césar ce qui lui appartient: X-Men DOTFP est bel et bien LE mutant cinématographique des blockbusters déjà sortis en 2014, celui qui pourrait ressembler aux autres, mais avec ce petit truc en plus qui fait une énorme différence: je suis ressorti de la salle avec le sentiment de revenir à la réalité, ce qui à mes yeux confirme donc que le film a réussi son pari, celui de m'embarquer avec les X-Men.

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