Geek, la revanche, interview de Nicolas Beaujouan

Longtemps moquée et incomprise, la culture geek connaît depuis quelques années un second souffle. Multitudes d’ouvrages ou autres documentaires de plus ou moins bonne qualité envahissent notre quotidien. Dans cette vague commerciale, Nicolas Beaujouan sort du lot en nous offrant un ouvrage pour les passionnés. Un ouvrage à transmettre aux générations futures .







L’heure de la revanche a sonné : tel John Connor, Nicolas Beaujouan nous a écrit son T-800 littéraire. Il nous l’a envoyé avec une phrase : « Suivez moi si vous voulez vivre ». Intrigués ? Nous oui, alors nous avons rencontré l’auteur, car qui mieux que lui pour nous parler de son livre ?

Pourquoi et comment as-tu choisi de parler du « geek »?

Nicolas Beaujouan : Assez simplement, finalement. Je suis graphiste dans le milieu de l’édition et il y a trois ans, en mettant en page un ouvrage pour une grande maison que je ne citerai pas, la qualité de la prose de l’auteur dudit livre m’amena à penser que je pourrais faire aussi bien, si ce n’est… mieux. Je me suis donc décidé à développer plusieurs projets sur la pop culture afin de contacter des éditeurs dont j’appréciais le travail et me voilà en train de répondre à tes questions.

Ton livre a une approche encyclopédique du sujet. Combien de temps t’a-t-il fallu pour réunir toutes ces informations?

N.B. : C’est amusant car, tu n’es pas le premier à parler de cette approche encyclopédique, alors que pour ma part j’avais l’envie de ne parler que des références qui avaient suffisamment de récurrence dans le temps et mondialement… J’ai même délibérément laissé de côté des éléments qui, malgré l’importance qu’ils revêtaient parfois pour moi, ne m’apparaissaient pas comme assez représentatifs.



Passé ce constat personnel, ce sont presque deux ans de lectures et de visionnages qu’il m’a fallu pour compiler et dresser ce panorama de la culture geek et de son histoire. Tout a été un plaisir en dehors du gaming moderne sur les consoles de dernières générations qui, je l’avoue, a été plus douloureux et pénible que je ne le pensais.



Enfin, pour l’écriture, la mise en page et la réalisation des illustrations, je voulais aller le plus vite possible, j’ai donc mis cinq mois à 100% dessus pour lui donner sa forme définitive.

Tu es graphiste de profession et on le voit dans le livre avec toutes ses illustrations, très belles d’ailleurs. As-tu pensé le livre dans cette optique dès le départ ?

N.B. : Oui, oui ! Ma plus grande fierté, je crois, dans cette aventure est le fait que mon éditrice m’ait laissé carte blanche pour réaliser mes fantasmes de graphiste. Je voulais que ce livre soit réalisé à 100% en silhouettes vectorielles et que les illustrations et les éléments de datavisualisations viennent combler les manques du texte et vice versa, j’ai caché des références à certains films ou livres dans les illustrations, certaines ne feront peut-être rire que moi

On ressent qu’il y a un vrai passionné derrière la plume, en as-tu eu marre des œuvres stéréotypées ?

N.B. : Les stéréotypes ne sont pas forcément négatifs, si je regarde un bon film de hentai, je veux du monstre géant et une ville détruite ! Mais je comprends ce que tu veux dire, je sélectionne beaucoup avant de regarder ou de lire un livre ; et pour ce qui est des jeux de rôle ou de société, le fait que l’on soit à plusieurs sauve même un mauvais produit, c’est le « petit plus » IRL !

Que penses-tu de cette explosion « geek », culture qui émerge ces dernières années, n’ayant plus forcément de vraie profondeur ou de base réelle ?

N.B. : C’est le jeu et ce l’a toujours été. Hier, c’étaient 80% des textes publiés dans les pulps qui n’étaient pas captivants, et plus tard, dans les années 80, certains de mes héros de jeunesse n’étaient que des placements produits… Et quand bien même… Les films de Michael Bay, je les regarde avec plaisir (et au septième degré), j’ai même eu une séance de fou rire de deux heures devant le Battleship de Peter Berg, presque équivalente à celle que j’avais eu ado devant Commando. Je suis plus souvent déçu par le jeu vidéo, qui pour le coup est entré de plein pied dans la production de produits sans âme.

Pour toi, c’est quoi un Geek?

N.B. : Il faut lire le livre, car la définition que je donne dans le livre est toujours celle qui me semble la meilleure. C’est une lamentable technique de teasing j’avoue…

Quelles sont tes œuvres cultes?

N.B. : C’est trop dur de choisir, voici une sélection de choses qui me ressemblent : Lovecraft, Ground Hog Day, Star Trek, Nightbreed, Battlestar Galactica, John Hughes, Judd Apatow, Kevin Smith, Dawn of the Dead, Zac Mc Kracken, Simon Pegg, John McLane…

Quels seraient tes arguments pour que les réticents lisent ton livre ? N.B. : 1- Il y a des dessins.

2- Ce n’est pas du Zola.

3- Il y a même des grand noms de l’économie.

4- Il y a du Baudrillard.

5- Il y a du Star Trek.

6- Il y a du Star Wars.

7- Le prix d’achat de la page est à 0,10 euros.

8- Ce serait bien que j’en fasse un second.

9- Parce que je me débrouillerai bien à en faire un second.

10- Et que si il marche à fond les ballons, je vous laisse tranquille…

Le mot de la fin ?

N.B. : Ce livre, je le voulais comme un hommage à la culture geek, mais aussi comme une ode à la curiosité, une invitation à chercher pour trouver les racines de cette aventure moderne des mondes de l’imaginaire…



Et aussi, je vous invite à écouter en podcast ou en direct l’émission de radio Geek me five de Vincent Julé sur Radio Campus, j’y suis addict et je l’ai découverte à la fin de l’écriture du livre, c’est un pur bonheur. Si vous aimez tout autant John Hughes, Sono Sion, Saint Seya et Bioshock, cette émission est pour vous !