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Petit ou grand, l'essentiel est sur l'écran


Entretien avec Kamel Saleh

Publié par JB Accili sur 15 Octobre 2013, 10:35am

Catégories : #Entretien

Réalisateur et scénariste de talent , Kamel Saleh a accepté de s'entretenir avec nous , histoire de parler de Comme un Aimant , d' IAM , de Plan B et de sa vision du cinéma.

Entretien avec Kamel Saleh

On commence par un flashback de 13 ans si tu veux bien. Comme un aimant ramène environ 240 000 spectateurs au cinéma , le film est un succès d'estime. A t on pensé à toi pour des projets après ça ?

Alors pour les entrées France, je me suis arrêté au chiffre de 350 000 et des poussières ☺. Pour ce qui est des projets, non, personne n’a pensé à moi, aucune société de production.
D’ailleurs j’ai rencontré pas mal de producteur à l’époque qui avait aimé le film ( comme un aimant ) mais en France on ne mise jamais sur un talent, c’est surtout si tu réussis à avoir du succès que l’on vient vers toi, tu es alors une valeur sûre, aucune prise de risque, il n ‘y a donc aucun producteur qui prends des risques, si l’on peut parler de risques dans ces cas-là, aucun producteur ne met de ses deniers personnel, l’argent vient des chaînes de télé, du CNC et autres ( Europe, Gigoa, Agicoa, l’Accès pour certains projets…)Ce ne pas une généralité, mais il y a des connivences ou des habitudes avec certains réalisateurs qui sont aussi peut être aussi les amis de ces différents producteurs et c’est alors plus facile pour ficeler un projet. On mise d’abord sur la proximité. Le talent vient après. C’est même une tradition. Le CNC finance beaucoup de premier film pour l’avance sur recettes et autres, mais très peu de seconds films.

On pourrait prendra l’exemple Abdelatif Kéchiche, qui fait un très beau premier film remarqué ( la faute à voltaire) et qui ensuite peine à trouver un producteur et des financements pour l’esquive. Il fait donc l’esquive avec très peu de moyen, de façon artisanale et autofinancé en grande partie, et du système D. Résultat, 4 césars plus tard, il n’est pas encore au bout de ces peines, mais opiniâtre, il continue dans sa lancée,rencontre toujours des problèmes et des obstacles avec les producteurs pour par exemple (la venus noire ) bref, il continue à faire le cinéma qui lui plait avec succès, mais sans réellement être aidé, seulement à la force du poignet. Voilà c’était un exemple assez paradoxal du cinéma français et de ces institutions.

Entretien avec Kamel Saleh

Tu prépares ton second long-métrage Plan B , peux tu nous en dire un peu plus sur l'avancée du projet et sur l'histoire ?

Plan B n’a eu aucun financement. J’ai donc financé la quasi-totalité du film et quelques partenaires à Marseille, que je n’oublierai pas de nommer et remercier.
C’est un film intéressant, notamment pour l’expérience que j’ai acquise et la leçon que je retiens de ce projet assez fou et épuisant au final. Je ne sais pas encore comment et ou s’il sera exploité et distribué, quoi qu’il soit le film est quasi prêt et a sa place dans le circuit des nombreux films français. Mais plan B m‘a permis de prendre conscience de l’importance des choix de sujets à traiter et du travail d’écriture en amont, primordial selon moi. Il est évident que je ne retravaillerai plus de la même manière, et d’ailleurs je développe un projet de film aujourd’hui et l’expérience Plan B avec ses lots de problèmes, notamment à l’écriture, m’ont donné plus d’assurance, j’appréhende différemment le travail d’écriture.

L’histoire raconte : Les transformations d’une ville et d’un quartier du centre ville, dans lequel vivent des personnages en marge, qui ne feront partie du changement. Avec en filigrane, une histoire d’amour entre un garçon terre-à-terre, bien ancré sur le plancher des vaches et la rencontre avec une jeune fille qui elle vit sur les toits des immeubles et se déplace ainsi d’appartement en appartements.

Clip Demain c'est loin

Tu as beaucoup travaillé avec IAM dont tu as signé les clips Demain c'est loin et Né sous la même étoile , le clip du premier a une approche documentaire , qui pour l'époque , était du jamais vu , comment es tu venu à cette approche ? Et quels souvenirs gardes tu de cette collaboration ?

Le tournage du clip (Demain c’est loin) c’était quelque chose, une immersion totale dans ma ville ( Marseille ) camera au poing, jour et nuit, je dormais avec la caméra après tourné assez tard dans la nuit parfois jusqu’au matin, je bouffais de l’image, je me réveillais en pensant aux images que j’allais tourné dans la journée jusque tard dans la nuit. Munis d’un conducteur une sorte de synopsis qui vacillait entre réalité tourné façon docu et mise en scène ( fiction) de sorte que l’on ne sache jamais quel moment on est dans la réalité ou dans la fiction.
C’est ça le secret de demain c’est loin.

Né sous la même étoile au contraire c’est fait avec beaucoup d’argent, une grosse équipe de tournage, du matos ( grue, steady etc) un plan de travail précis, un story bord, et beaucoup de confort.
J’avais à cette époque le soutien et la confiance totale d' Akhenaton, nous étions tout e temps ensemble, et amis pour le coup. Et cette confiance là, m’a énormément boosté et encouragé, j’avais aussi la pression car l’école du micro d’argent ( l’album ) était très attendu et la maison de disque avait beaucoup misé sur celui-ci et le groupe IAM aussi.

Acteur , réalisateur et scénariste , quelle casquette préfères tu porter ?

Je me considère plus comme un auteur réalisateur. J’aime le métier d’acteur, mais bizarrement , quand on parle comedien je ne me sens pas concerné même si j’aimerai tourner en tant qu’acteur et défendre un personnage.
En revanche, mon attention est beaucoup plus tournée vers l’écriture et la réalisation.

Entretien avec Kamel Saleh

Tes influences du petit et grand écran ?

J’ai beaucoup de souvenirs d’un cinéma italien d’après guerre, diffusé souvent sur France 3 ( Les Vittorio Gassman, Alberto Sordi, Dino Risi, Mastroiaini, etc ) avec des films comme : L’argent de la vieille, affreux sales et méchants, le fanfaron ou encore le cinéma de Vittorio De Sica, et Pasolini, avec des films tournés dans la province de Naples et des personnages aux visages émaciés, assez marqués, issues des faubourgs pauvres des quartiers Napolitain.
Cela a évoqué peut être aussi l’univers dans lequel j’ai grandi à Marseille avec une population italienne très importante à cette époque.
(Les Maghrébins d’aujourd’hui) avec leurs habitudes, leurs coutumes, la cuisine etc….Dans l’immeuble où j’ai vécu à Félix Pyat ( Parc Bellevue) il y avait sur 10 familles, 9 familles italiennes, de Sicile, de Naples, sans parler des voisins d’en face et du quartier en général et de la ville dans son ensemble, dans l’immeuble nous étions la seule famille originaire du Maghreb. Il est possible que cela m’ait influencé d’une certaine manière.
Dans ma démarche de faire ce genre de cinéma populaire et tous ces films que l’on voyait et dans lesquels on pouvait facilement s’identifier.

Pour le grand écran :
Je crois que cela s’est fait progressivement, au fil des années comme quand on recherche dans les livres, des réponses à des questions que l’on se pose sur soi et sur la société, les livres et le cinéma m’ont permis de faire ce travail sur moi…D’ailleurs je continue toujours à faire ce travail entre lecture et cinéma. Je revois certains films quelques années après avec un regard et une autre lecture, c’est comme ça aussi que l’on peut se rendre compte de ce que peut être un grand film et tout ce que le cinéma peut nous apporter après le divertissement…

IAM annonce sa future retraite, une dernière collaboration en vue?

Je ne sais pas s’il y aura une collaboration, mais ce serait avec plaisir.
Mais je pense que l’on va encore bosser ensemble sur des projets d’ici là.



Clip Né sous la même étoile

5 propositions , un choix à faire :

Marseille ou Paris ?

Je dirais : Parseille, pourquoi parce que Marseille est ville singulière, plus qu’une ville, un petit pays avec ses règles ses habitudes, son climat méditerranéen et son visage tourné vers la Méditerranée… et Paris est une ville très intéressante riche culturellement et historiquement. Et parce que ces deux c’est aussi la France et je pense que là où il y a des frontières une séparation il y a de la violence, donc les deux ensemble c’est bien.

De Niro ou Al Pacino ?

Pareil, je dirais : Robert Al Paniro !
Là encore, il y a là deux grands du cinéma américain, issue de l’immigration italienne, l’un ( Pacino) à fréquenté Lee Strasberg l’inventeur avec Constantin Stanislavski de la fameuse méthode, actor studio, et qui est devenu son mentor, son père adoptif, et l’autre à suivi quelques cours chez Lee Strasberg pour ensuite se rendre chez Stella Adler, une autre méthode de jeu, un autre parcours, mais tellement difficile à dissocier, le jeu est
différent, mais les deux sont tellement complémentaire.

Cinéma ou Télé ?

Télé pour les séries et cinéma comme on va chez un dealeur.

The Sopranos ou The Wire ?

The Wire !

Comme un aimant ou Marseille aujourd'hui ?

Comme un aimant 2 ce serait Marseille aujourd’hui !!! Et le final du film serait le même avec la ville en feu.



Un mot pour les lecteurs ?

Le seul vrai talent, c’est celui d’aller vers les autres. D’aider d’une manière ou d’une autre, tous ceux qui sont sur le bas-côté. On peut se dire ce soir, je regarderais une émission de moins ou une série télé en moins sur TFI ou M6, et j’irais donner une couverture, de la nourriture, des vêtements ou seulement rendre visite à une personne qui en a vraiment besoin et passer un peu de son temps avec. Une fois ou deux dans le mois, le tout, multiplié par 12. Voilà ce que c’est le talent, le cinéma, la chanson et autres c’est très bien, mais on peut faire tout ce que l’on aime dans la vie et tout ce que l’on veut, sans oublier d’aller vers les autres.

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